Les mots et expressions de la table
Les mots que nous utilisons autour d’une table en mangeant créent l'environnement convivial qui rend ce moment agréable. Pierre Marchesseau, chef cuisinier étoilé, nous livre quelques-unes des expressions de la table des plus originales.
Les expressions « mettre la table » et « mettre le couvert »
Au Moyen Âge, on « mettait » véritablement la table. On installait des tréteaux sur lesquels les planches destinées à servir de table à manger étaient posées. Puis, jusqu’au XVe siècle, il était d’usage de « servir à couvert ». Cette expression désignait le fait de couvrir les plats exposés sur la table d’une grande serviette blanche.
On montrait ainsi aux hôtes que toutes les précautions ont été prises pour empêcher tout empoisonnement. À partir de là, l’expression « mettre le couvert » fut reprise pour dresser une table lors du repas lui-même.
L’expression « tchin-tchin »
Au Moyen Âge, l’empoisonnement dans la boisson était une pratique répandue. L’échange de son breuvage avec celui de quelqu’un fut alors un signe de confiance mutuelle. Les verres remplis de bière ou de vin étaient cognés l’un contre l’autre. Ainsi, le premier « tchin » est obtenu en laissant éclabousser une partie de son breuvage dans le verre d’une autre personne.
En signe de politesse, cet autre buveur en faisait de même, ce qui donnait le second « tchin ». Aujourd’hui, en parallèle au simple lever de verre à l’américaine, on ne trinque qu’en un seul « tchin ».
Le mot « assiette »
L’assiette creuse individuelle, dite « mazarine », fut introduite en France en 1653 par le cardinal de Mazarin. À son origine, le mot « assiette » désignait plutôt le fait de placer un convive à table, puis de dresser les plats. Enfin, il indiquait le service du repas sur la table.
Au XVIe siècle, dans le sens de la vaisselle individuelle, le mot « assiette » indique l’écuelle ou le tranchoir. On y posait une tranche de pain qui absorbait le jus des aliments. L’assiette plate couverte d’une cloche, quant à elle, se développe à partir de l’année 1750.
Le dicton « entre la poire et le fromage »
La scène où l’on voyait autrefois tous les convives s’empiffrer de morceaux de viande, remplissant leurs verres de breuvages à ras bord, est entièrement fausse. En réalité, les pauvres mangeaient juste ce qu’ils trouvaient.
En revanche, les seigneurs et leurs hôtes commençaient par manger divers rôtis, sans rien boire. Les poires, fruit le plus répandu à l’époque, furent par la suite servies à la fois comme légumes et désaltérants. Le banquet est enfin clos avec du vin, non pas pour apaiser la soif, mais pour accompagner le fromage.
Le mot « cure-dent »
Depuis son invention chez les Romains, le cure-dent fut considéré comme un objet indispensable à table. En or, en ivoire, ou en argent, il servait, comme son nom l’indique, à se curer les dents à table.
Au XVIIe siècle, le fait de se curer les dents avec un couteau était devenu un geste impoli. La personne éduquée doit ainsi se rincer la bouche avec du vin et utiliser un cure-dent. Cet accessoire de table est alors fabriqué avec du bois parfumé, myrte, rosier ou cyprès.